Portrait à dévoiler n°23
Serial Portrait avec Pascal Drou, directeur de l’hôtel des Tresoms à Annecy
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Le journal inexistant.
Chacun des dessins que je regarde fait émerger un souvenir ou me rappelle un événement en rapport avec mon parcours d’artiste
L’évocation liée à ce dessin s’inscrit dans la lignée de mes souvenirs gourmands.
Les yeux fermés ? Bien sûr ! L’expression de satisfaction montrée là s’oppose à celle qui s’impose quand on mange voracement, les yeux très très grand ouverts, d’une ouverture folle, de l’ordre de la béance aveugle, des yeux pris dans la spirale hypnotique du grand jeu dangereux de la consommation de masse.
Loin des 3 cercles disposés en un triangle mou et glouton formés par une bouche et deux yeux béants, sorte de triangle des Bermudes de l’aliment, nous nous trouvons là dans l’univers originel de l’humain savourant ce qui est bon à la fois pour son palais, pour son esprit, pour son corps. Libéré de la peur de l’empoisonnement, il a d’abord savouré avec les yeux et le voilà goûtant le gouteux, en parfaite harmonie avec l’ensemble de son corps satisfait de la livraison annoncée d’une marchandise dont il sait qu’elle ne le tuera pas à petit feu. Peut-on voir ce genre d’expression dans un fast-food ou dans les rayons fruits et légumes d’une grande surface où l’on cherche en vain quelque chose qui fleure bon ce que l’on a éventuellement connu dans l’enfance, un fruit odorant par exemple ? On cherche en vain des expressions de plaisir dans ces temples de la consommation où la quantité prime sur absolument tout le reste : le goût, le plaisir, la santé, l’intelligence, l’économie écologique. Non, la quantité prime sur tout, quitte à jeter les résidus, tout comme chaque obèse devra trouver le moyen de se débarrasser de ce surplus qui lui tue sa vie au quotidien.
Une existence entière à réapprendre à manger, à reconnecter les sensations, à sortir de la spirale des excès alternant avec les régimes, quoi de plus absurde que ces sociétés qui dépensent leur puissance d’action tout comme les individus dépensent leur énergie, à dévorer, enfler, tomber malades pour ensuite s’affamer, s’agiter seuls et sans certitude de résultat à long terme… qu’auraient-ils pu faire de toute cette vigueur si elle avait été employée à la création, de quelqu’ordre qu’elle soit ? Se créer soi-même pour pouvoir créer, passe par une ferme désintoxication de ce que l’on tient pour évident. Voilà la tête – l’expression – que l’on arborera le plus souvent par la suite ! Voilà la récompense !
Les yeux ici sont fermés ? … en réalité ils sont ouverts à l’intérieur, à la sensation, à l’intuition de ce qui est bon, libérés des chaînes et des chaînes.
Marchant sur un fil,
ouvert, le gourmet savoure
Les yeux grand fermés
Portrait 23
il y a des jours…
ou tout est tellement pesant
que nous avons besoin d’aide pour alléger nos pas
nos poids
et là
une maman chatte
ou bien une ange
pourquoi ne serait-il pas féminin !
laisse un petit zig-zag dans nos cheveux
pour nous alléger
nous démêler
et nous laisser plisser des yeux de soulagement
rire de nous-mêmes
accueil à ce qui vient…
Portrait 23
Je croyais ce croquis disparu.
Je n’étais même pas certain qu’il eu jamais existé. Il a flotté dans nombre de mes rêves ces dernières années. Je suis donc totalement saisi de le trouver ici dans une matérialité presque décevante.
Décevante parce que la fixation des traits sur la feuille en a ôté beaucoup d’onirisme : il est comment dire ? Il ne danse plus : voilà !
Il est noir sur blanc alors que dans mes songes c’est plutôt un fil de néon serpentant dans les sarabandes sombres et folles de l’ivresse.
Pourtant c’est bien lui. Aucun doute n’est possible.
Du rêve il a gardé les possibles ininventés.
En tant que critique assermenté agréé par le Comité SGSG (Sans Garantie de Sigrid Coggins), il me faut toutefois donner quelque indications au réalisateur : cette géniale esquisse n’est qu’une esquisse et —preuve de mes rêves à l’appui— des possibilités d’évolution vers des milliards d’achèvements sont ouvertes.
Parmi ceux-ci, il y a un portrait de Sigrid par Leonardo da Vinci (huile sur bois, 37×72, probablement 1487 ou 1488) qui dort quelque part dans une cave d’un l’espace temps parallèle et que le Docteur Who seul est capable de découvrir.
Je salue donc les travaux à venir et te souhaite bon courage si tu choisis de poursuivre dans cette voie, Camarade dessinateur.
Car, rappelons-le : “l’art est au service du peuple et seul l’effort opiniâtre mérite d’être récompensé par l’estime de la nation toute entière“.
Il est à présent l’heure pour le critique (moi) d’aller prendre ses gouttes.
Portrait 23
Le regard s’étire
La bouche s’arrondit
Un sourire….?
Non! Une extase.
Le bonheur ici et maintenant.
Portrait 23
comme accroché a une paroi abrupte
le personnage subit sa situation
endormi
la beauté est présente
la vie est là
et attend d être libérée de la peur
Reposée, amusée, elle est appuyée – presqu’endormie, elle s’envole – le souvenir de son iimage s’aplatit, se dissout…
Détachée, elle vagabonde, inaccessible… il y a la douceur et la grâce d’une madone dans ces yeux qui ne sont que paupières, et la Joconde dans ce sourire oublié.
Portrait 23
Un esprit rieur a envahie la page. Il sourit à la vie et au bonheur !…Des lignes d’horizon aériennes invitent le spectateur à voyager par monts et par vaux vers des contrées lointaines et imaginaires.