Le journal inexistant / Ce que m’évoque le portrait fait à l’aveugle de moi par Christophe Miralles
Dans ces multiples possibles, dans cette infinité de moi qu’il suffirait d’une intention un peu appuyée pour que l’une d’elle existe, comment décider ?
Ici, comme une synthèse de Serial Portraits. Comme si tous les portraits à l’aveugle avaient été jetés dans un sac et que le tas ainsi formé présentait un achèvement en permanente formation ; un amas faisant sens, avec une ligne pas si sombre qu’elle n’en a l’air.
Un oeil s’ouvre dans cette pénombre du doute, il fait acte de présence, il existe au monde, il raccorde, il s’accorde. L’autre semble fermé mais ne l’est pas, tout entier consacré a un ailleurs qu’il s’agit de faire exister ; parfois il prend le temps de remercier l’autre, reconnaissant envers son double, son oeil frère, de ce qu’il fait, de ce qu’il prend en charge. De ce qu’il permet de faire exister en le libérant de devoir être au monde et malgré l’inutilité ce que cela lui permet de produire, de ce qui ne peut évidemment avoir d’autre qualité au monde tant qu’il n’y sera pas présenté. Et même une fois là, l’utilité n’est pas évidente, pas plus que ne l’est le nouveau-né lambda pour la société. Jeux de lignes et d’ aiguillages, des rails et un râteau, jardin zen dévasté par l’incarnation du stylo suivant ; et pourtant, de sa destruction systématique, une émergence nouvelle…le squelette reste toujours. Le même.
Ce râteau-stylo,
de l’âme et de mon visage
chirurgie plastique
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